Kyriaki Moustaki, céramiste installée à Vallauris, aux oeuvres habitées d'une mythologie grecque

Kyriaki Moustaki est une céramiste grecque installée à Vallauris depuis 25 ans. Si elle dispose d'un espace d'exposition à Vallauris depuis un an (9 rue Clément Bel près de la Place de l'Homme au mouton de Picasso), elle continue à participer aux marchés potier internationaux et réalise des expositions en France et à l'étranger.

Originaire de l'île grecque de Naxos appartenant aux Cyclades dans la mer Égée, elle reste attachée à sa terre nourricière. Si Naxos est riche en marbre et émeri, la terre dévolue à l'agriculture y est rare et précieuse comme sur les îles grecques. Cette terre lui rappelle aussi ses premiers jouets d'enfants qu'elle fabriquait elle même en argile.

Cette artiste réalise des œuvres en utilisant la technique du Raku ou de la terre vernissée. Attachée par un fil à son île, (selon la mythologie, Ariane séduite par Thésée aide celui-ci à s'échapper du labyrinthe. C'est en effet le secours qu'elle apporte à Thésée qui permet à ce dernier d'obtenir la victoire sur le Minotaure : contre la promesse de l'épouser, elle lui fournit un fil qu'il dévide derrière lui afin de retrouver son chemin. Mais, après avoir tué le Minotaure, le héros l'abandonne sur l'île de Naxos), on retrouve logiquement des Minotaures dans les pièces qu'elle sculpte et cuit avec la technique du Raku.

Son travail en terre rouge comprend d'intéressantes tables basses obtenues après un long et difficile travail : la terre rouge est recouverte de terre blanche et d'oxydes et les pièces sont ensuite séchées puis cuites. Elles risquent alors de se casser ou de se voiler. L'étape suivante consiste dans le collage des pieds tournés. D'autres pièces en terre vernissées ont un usage plus quotidien.

Sa production artistique comporte des pièces variées. Kyriaki Moustaki laisse travailler son inconscient et travaille au fur et à mesure de la réalisation de l'oeuvre. Elle trouve son inspiration dans la nature, une sculpture lui rappelle ainsi le creux d'un rocher où elle donnait à boire aux animaux qu'elle devrait surveiller enfant – il n'y avait pas d'eau courante à la maison. Sur une autre pièce, on voit l'utilisation de plumes d'oiseaux pour repousser la terre ou des graines à picots pour laisser des traces linéaires par grattage. Là on voit des traces laissées par les doigts de l'artiste. Un vase aux deux visages (l'un de femme et l'autre d'homme), dont Picasso ne renierait pas la paternité, est un hommage à ses parents.

Il est important pour elle d'associer eau, terre et feu pour donner une force à ces pièces. Au final, on peut admirer des pièces habitées d'une âme. Cette remarque de « pièces habitées » est d'ailleurs partagée par ses collectionneurs.

Assurément, si vous visitez la côte d'Azur entre Cannes et Nice, ne manquez pas d'aller à Vallauris. Sur un même espace piéton, vous pourrez regrouper une visite au musée national Pablo Picasso qui organise comme chaque été une très belle exposition temporaire, une visite du « Musée Magnelli, Musée de la Céramique » qui comporte de nombreuses oeuvres en céramique de Picasso et la visite du vieux Vallauris avec son dédale de ruelles et d'artistes dont la galerie de Kyriaki Moustaki.